
Encore ?!?
Encore un blog sur la parentalité positive ? Sur les clés du bonheur en famille, sur les secrets pour devenir des parents épanouis, tout sourire et tendresse ?
Pas du tout.
Attention : je n’ai absolument rien contre ces chanceux parents tout sourire et tendresse, si ce n’est de l’admiration et du respect. Mais j’ai aussi de l’admiration et du respect pour les parents au bord de la crise de nerfs, pour les parents dépités, fauchés dans leur enthousiasme initial et pour lesquels la parentalité s’avère une réalité beaucoup plus dure et exigeante qu’ils ne l’avaient imaginé.
Parce que face à la parentalité, nous ne sommes pas tous pareil. Nous n’avons pas tous le même bagage émotionnel, les mêmes ressources, les mêmes capacités.
Certains partent avantagés et cela est incontestable. Avantagés par leur vécu, leur histoire, par un rapport harmonieux et équilibré avec leurs propres parents. Avantagés, grâce à un caractère peu stressé et peu anxieux, à une plus grande capacité de résilience ou tout simplement à une attitude qui leur permet de prendre la vie avec plus de légèreté.
Et puis il y a les enfants. Ils ne sont pas tous pareils non plus. Le tempérament d’un bébé est déjà bien visible à la naissance et peut influencer sa sensibilité, son rythme sommeil/éveil, sa docilité.
Je suis pédiatre depuis 20 ans et je suis coach familial. J’en ai vu passer des parents et des enfants avec leurs dynamiques, leurs difficultés, leur souffrance. Et les parents en souffrance, ceux pour qui la parentalité est devenue un sacrifice, une source d’angoisse, ne sont ni des incapables, ni des faibles.
Je suis pédiatre et coach familial, mais je suis avant tout une maman. Une maman qui a connu « le côté sombre » de la parentalité.
Avoir des enfants a toujours été, pour moi, une évidence : fascinée par l’univers infantile, motivée et attendrie par l’idée de prendre soin d’eux, j’ai fini par en faire mon métier. J’étais donc persuadée qu’avoir mes propres enfants n’aurait été que du bonheur !
La réalité fut bien différente de ce que j’avais imaginé.
Aujourd’hui quand je pense aux débuts de mon expérience de maman, j’ai l’image d’une descente de rafting extrême : cette sensation d’être emportée par la violence du courant, sans aucun contrôle de la situation, la peur constante de m’écraser contre les pierres, de me prendre dans les branches d’arbre, de rester piégée dans l’enchevêtrement des racines… Je me souviens de la lutte épuisante et sans répit pour rester en surface, l’entêtement et la prétention de vouloir à tout prix avoir le contrôle sur tout…
À cette époque et dans l’état d’épuisement dans lequel j’étais, quand on me parlait de parentalité positive, je n’avais qu’une envie : hurler, frapper, mourir.
Tous les principes et les réflexions de la discipline bienveillante, ne représentaient rien d’autre pour moi, qu’une exigence supplémentaire aux innombrables qui m’écrasaient.
Aujourd’hui j’enseigne l’approche éducative bienveillante basée sur les principes de la discipline positive, mais je le fais à travers mon expérience. Je reçois deux typologies de parents : ceux qui vont bien et qui sont en équilibre entre leur vie d’avant et leur vie de parents, qui profitent d’un rapport de couple harmonieux et qui cherchent à acquérir des outils et des compétences pour mieux gérer les difficultés classiques de la parentalité ; et ceux qui sont en souffrance, épuisés, désespérés, aigris parfois. Je sais que pour ces parents, parler de discipline positive, des méthodes éducatives sans cris et sans punitions, de communication non violente, des dégâts que le stress provoque au cerveau de l’enfant, équivaut à les torturer, à les achever. Je le sais car je l’ai vécu.
J’ai longuement hésité avant de lancer un blog. Parce qu’il y en a des milliers sur la parentalité, sur l’approche empathique, l’éducation positive et la communication non violente. Et il y en a des superbes, qui abordent les thématiques classiques avec beaucoup d’humour et beaucoup de bienveillance. Mais pour pouvoir profiter de tous ces bons conseils, très utiles et efficaces ! Une fois qu’on les adopte, il faut être capable de les adopter justement…
Les intérêts et le bonheur de l’enfant sont des concepts qui me sont chers, mais aujourd’hui je choisis de défendre les intérêts et le bonheur des parents. Car le bien-être de l’enfant passe inévitablement et évidemment par le bien-être de ses parents et du couple.
L’idée de ce blog est d’aider les parents en souffrance à remonter la pente, à changer de perspective, à retrouver la motivation et la confiance en soi, pour pouvoir, ensuite, accéder aux outils formidables de la discipline positive.
À travers mon expérience, je tiens à vous démontrer que, en arriver au « bout du rouleau », ne veut pas dire être incompétents, faibles, moins bons que les autres. Je suis une professionnelle de la santé et formée en coaching familial et pourtant j’ai vécu des moments difficiles dans ma vie de maman. Mais surtout je tiens à vous rassurer sur le fait qu’il n’est jamais trop tard. JAMAIS !
Ouvrir un blog m’a semblé le moyen le plus efficace de vous atteindre, là où vous en êtes dans votre vie de parents, le moyen le plus efficace de vous apporter du soutien sans vous obliger à vous exposer et en vous laissant la liberté d’aller à votre rythme, de partir et de revenir, selon vos besoins.
C’est parti donc !
À très vite.
Simona
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